La quête de la foi sensible

Quand je regarde en arrière : je remarque que j’ai été gratifié d’immenses bienfaits divins comme la foi durant l’enfance, l’intelligence, la préservation vis-à-vis des péchés capitaux, et la subsistance… Ces différents bienfaits m’imposèrent un cadre de vie plus ou moins sain, et même si j’ai parfois dévié, en faisant preuve d’ingratitude, quelque chose me ramenait toujours vers ce cadre, et ce, jusqu’à ce que j’entreprends ce travail actuel d’introspection pour comprendre, par l’écriture de l’ouvrage que vous avez entre vos mains. Attention, chacun de ces bienfaits m’ont certes prédisposé à m’engager dans la voie d’Allah, à m’oublier pour une cause, mais cela ne signifie pas pour autant que j’ai ou que j’ai eu un cœur pur, loin de là ! En réalité, on pourrait déborder ici sur le thème du Destin quand des facteurs nous convient à ce que l’on prenne une direction plutôt qu’une autre. Du coup, il y a des gens, c’est vrai, que tout pousse à la croyance, et d’autres que tout pousse à la mécréance mais est-ce que ça joue véritablement dans la trajectoire comportementale d’un individu ? Le thème du Destin m’a énormément interpellé, dans ma vie, car sans la maîtrise de ce concept, on ne peut, effectivement, pas patienter les épreuves incompréhensibles qui peuvent nous frapper ! Et la spiritualité est une question : de gratitude, de patience et de repentance ! Les trois stations de base, à partir desquelles découlent toutes les autres comme l’amour, la confiance ou la piété ! Ainsi, malgré que j’ai été gratifié de bienfaits me prédisposant à devenir pratiquant, j’ai quand même toutefois dévié du droit chemin par la perte de ces bienfaits consécutivement à mon ingratitude. Et la réciproque est aussi vrai : il y a des gens que tout prédispose à la perversion mais qui se battent pour se maintenir dans la rectitude jusqu’à surpasser les anges en mérite ! En effet, déjà l’homme possède une âme bestiale qui le conditionne à poursuivre des passions, et ce, souvent au détriment de l’agrément divin, si bien que la maîtrise de ces dernières par l’adoration d’Allah, place naturellement l’homme au dessus des anges, étant donné qu’il adore Allah tout comme eux, mais avec un obstacle en plus, à savoir cette âme qui le pousse à la déviance ! Donc, être sur le même pied d’égalité, tout en ayant eu un obstacle rend consécutivement supérieur ! Ceci dit, au delà d’avoir une âme bestiale, certaines personnes possèdent un facteur négatif supplémentaire : un démon qui serait collé à cette âme ! C’est le fameux concept de la « siamoiserie » qui pousse malheureusement l’individu affecté par cette situation à ressentir les états du démon en soi, au point où sans la réalisation de la « dualité », l’être humain risque de souffrir d’être dans le bien ou de se réjouir de faire du mal ! Aussi, quand la foi est présente dans le cœur et que les ressentis contredisent cette dernière, l’individu peut souffrir de cette opposition de vecteurs au sein de son être, jusqu’à ce que deux options se présentent à lui : soit se laisser aller à la mécréance pour se libérer de la souffrance résultante de la contradiction de vecteurs en son sein, ou soit lutter pour imposer une harmonie par le cœur ! Par déduction, de la même manière qu’il y a des gens prédisposés au bien qui dévient, il y a aussi des gens prédisposés au mal qui triomphent, et croyez-moi, ces gens brillent de lumière quand ils parviennent à surmonter les deux obstacles en eux, que sont l’âme et le démon ! Dans ce sens, il ne faut pas voir négativement les personnes affectées par de la « siamoiserie » car, en réalité, ce concept met en relief une puissance spirituelle qui sommeille en l’être, et qui devrait le pousser à comprendre qu’il ne peut pas se permettre d’être dans un entre-deux car avec ce genre de profil : c’est, effectivement, soit la personne coule à fond, soit elle brille de lumière comme le soleil ! Au final, ce n’est pas la forme qui compte dans la hiérarchisation car une personne prédisposée au bien qui dévie est de loin pire qu’une personne prédisposée au mal qui dévie aussi car le premier avait de quoi s’en sortir ! J’ai donc dévié malgré qu’Allah m’a prédisposé à la guidance. Je me souviens, autour de mes 10 ans, invoquer tous les soirs mon Seigneur avec des confidences qui atteignaient le degré d’un échange presque réel, comme si je le voyais, mais avec l’adolescence cette palpation du divin s’est évaporée, si bien que je me pensais être devenu athée ! Je me rappelle avoir invoqué mon Seigneur autour de mes 13, 14 ans pour lui demander un signe, s’il existait ! Je ne savais pas, à l’époque, qu’il y avait une différence entre la foi intelligible et la foi sensible, et que la seconde était un don qui pouvait se perdre ! Et oui, l’ingratitude engendre toujours la perte du bienfait… J’ai donc connu, par conséquent, une frustration profonde, et même si d’ordinaire la frustration est une arme de Satan par laquelle, il contrôle les gens, la mienne me portait, quant à elle, à œuvrer pour retrouver ce que j’avais perdu, et franchement : 30 ans après je n’y suis pas encore parvenu !