Le mysticisme

J’ai remarqué que nombreuses sont les personnes qui sont intéressées par le mysticisme islamique sans pour autant qu’une transformation s’opère réellement dans leur pratique. Ce fut mon cas, par exemple. Je me souviens, lorsque j’étais à la faculté des sciences, délaissé les mathématiques pour me plonger dans la lecture d’ouvrages axés autour du soufisme. Il y a vraiment quelque chose d’attrayant dans cette discipline, faut savoir le reconnaître.

Étant une personne qui aime approfondir les choses, j’ai été inévitablement confronter à des paradoxes et des interrogations susceptibles de rendre perplexe comme la question de l’existence, et de la multiplicité. En effet, à trop pousser la réflexion, nous pouvons tous arriver à la conclusion que le monde est une illusion. Jusque là, partisans ou pas d’un mysticisme islamique nous pouvons, plus ou moins, tomber d’accord. La question susceptible de trancher serait donc la suivante : qu’est-ce que l’on peut tirer de bénéfique de cette connaissance ou devrais-je dire de cet état ? Car il y a évidement un fossé entre savoir l’illusion et sentir cette illusion.

Et bien, c’est exactement là que se départagent les gens qui cheminent dans la vérité et les autres qui s’égarent. En effet, l’acte créateur se complète par un fond toujours enveloppé par une forme. La connaissance doit donc être pour la pratique ce que le fond est justement pour la forme. La sagesse qui se trouve dans la présence de ces deux étapes de l’acte créateur, c’est justement la production d’une multiplicité à travers laquelle se réalise et se mesure la volonté. Et puisque nous vivons dans une demeure de l’épreuve, il est nécessaire pour le Créateur de créer un monde de tentations où justement doit s’établir une hiérarchisation des actes en fonction bon, mauvais, licite, illicite.

Le danger qui se trouve dans la confusion des deux dimensions de l’acte créateur est la négation de l’acte pieux, à savoir demandé par Allah ! Ainsi, trop de science théorique quand à travers cette science nous voulons accéder à l’essence des choses peut nous pousser à abandonner l’œuvre. Et dans ce sens, il y a quelque chose de séduisant dans certaines doctrines soufies si à travers elles, les ennemis de l’islam parviennent à déconstruire l’édifice de l’islam : à savoir la construction d’une société islamique reposant sur la chari3a !

Dans ce sens s’explique pourquoi, le Tawhid dans la Seigneurie (Rouboubiyya) n’est pas suffisant pour être considéré comme un croyant car le chirk des associateurs mecquois consistait justement à donner des égales à Allah seulement dans le Tawhid dans la divinité (Oulouhiyya) car ils reconnaissaient effectivement l’existence d’un Créateur suprême.

Croire en Dieu, ou tergiverser sur lui n’est donc pas le but de la spiritualité musulmane, bien au contraire ! On rapporte qu’un proche de Jounayd al baghdadi le vit en rêve après sa mort et il lui demanda : « Qu’en est-il de ton sort? » « Il répondit : les tergiversations ne m’ont pas été utile, si ce n’est les quelques génuflexions accomplies avant l’aube ! » Il y a donc un piège dans l’action de focaliser sur l’essence des choses, car le risque est justement de se perdre dans le moyen et de négliger consécutivement la fin ! Or, Satan aspire par dessus tout à ce que l’on prenne les moyens comme des fins ! Aussi, le plus important à l’endroit de la science : c’est l’acte et quand la science ne mène pas à la bonne action alors de deux choses l’une soit elle est fausse, soit elle est divinisée c’est-à-dire convoitée pour elle-même !

A partir de là, je saisis qu’approfondir certaines réflexions pouvait être dangereux mais comme il y a nécessairement quelque chose de vrai dans dans ces connaissances universels qui m’attiraient alors il était important que je me concentre sur les applications de ces connaissances car c’est seulement à travers ce critère que nous pouvons mesurer l’authenticité d’un savoir.

En d’autres termes, la connaissance de l’essence des choses est sensée nous donner une conviction à même de nous permettre de briser les illusions du bas monde, de sorte de triompher de nos adversaires car le challenge qui résulte de l’acte créateur : c’est justement de faire triompher la vérité, compte tenu de la présence du faux qui va vouloir écraser le vrai par instinct de survie, impliquant de surcroît le devoir, pour le croyant, de lutter et de combattre ! Et Allah dit dans le Coran : « Et combattez-les, Allah les châtiera par vos mains »1

Or, c’est justement cette lutte que les ennemis de l’islam veulent effacer de la poitrine des musulmans moyennant des idéologies à même de semer en leur conscience la confusion des choses, de briser leur hiérarchisation, c’est-à-dire de rendre tous les actes ou tous êtres humains identiques pour justement tuer la saine volonté de tendre vers l’acte juste !

Ainsi, il est nécessaire d’adopter une posture de juste milieu entre l’être et le non-être, l’un et le multiple, entre la prédestination et le libre arbitre, entre l’intelligible et le sensible car l’être humain est une créature au carrefour entre deux mondes : le monde matériel et le monde spirituel, si bien que tendre vers un pôle au détriment de l’autre ne peut que l’éloigner de la vérité !

C’est dans ce sens que chercher à connaître Allah seulement à travers le monde intelligible peut justement égarer et pousser l’être humain à énoncer des propos blasphématoires, à l’exemple d’al Hallaj qui s’écria : « Je suis la Vérité ! » Il y a, effectivement, un danger à quitter le juste milieu à ce niveau, à savoir celui d’identifier le Créateur avec la création pour sombrer ensuite soit dans le monisme ou la panthéisme, qui rappelons-le débouche sur l’athéisme !

A vrai dire, j’ai toujours été une personne qui veut aller au bout des choses ! Je me souviens être moqué par mon ami Farid, durant mon adolescence, et par d’autres jeunes du quartier, qui me décrivaient, il est vrai, comme « une personne qui réfléchissait trop ! » Et, j’avoue m’être perdu à avoir voulu atteindre Dieu par la voie de la réflexion sur l’Un, comme les philosophes grecs d’autant. Je suis arrivé à la conclusion que la réflexion intense mène à une idée de Dieu dépourvue de toute sensibilité, un « dieu mort », et franchement c’est pas ce que je recherchais car à bien réfléchir j’ai comme l’impression que l’on ne peut pas atteindre le vrai Dieu, celui de l’islam, sans passer par la voie du sensible.

En écoutant du Coran ce matin, j’ai remarqué que le récitateur s’est mis à pleurer à l’énonciation d’un verset qui faisait allusion au pardon au sein du couple, et immédiatement je me suis dis que sa dévotion dans la récitation était liée à un personnel vécu ! Du coup, je me suis posé la question : est-ce que c’est pareil avec toute chose ? Doit-on passer par une expérience sensible pour vivre intensément notre dévotion intelligible car le Coran est la parole d’Allah ! A partir de là, je suis arrivé à la conclusion que l’on ne peut pas atteindre Allah directement et qu’il fallait passer par des voies intermédiaires, et parmi ces voies se trouve : la douleur quand justement nous parvenons à la maîtriser !

En quoi la douleur est une voie qui mène vers la connaissance d’Allah ? Me diriez-vous ! Si l’on se penche sur le concept de « douleur », on s’aperçoit qu’elle exprime, en réalité, une négation de l’être car le plaisir résulte, en effet, d’une unité, et la douleur d’une fracture à l’endroit d’un ensemble dont la nature est d’être unifiée ! Ainsi, la douleur traduit l’éloignement de deux choses prédisposées à s’unir d’où sa vocation d’alerter et de mettre en relief un danger afin de permettre la prise des dispositions nécessaires pour réparer l’unité brisée ! Or, réunir deux êtres prédisposés à s’unir n’est pas autre chose qu’aimer, et c’est pourquoi la douleur est une force à même de générer la repentance, et le retour à Dieu, qui n’est rien d’autre, en définitive, qu’une manière d’exprimer son amour pour Allah !

Dans ce sens, il y a un cadeau dans les épreuves divines…

1C9/14

J’ai remarqué que nombreuses sont les personnes qui sont intéressées par le mysticisme islamique sans pour autant qu’une transformation s’opère réellement dans leur pratique. Ce fut mon cas, par exemple. Je me souviens, lorsque j’étais à la faculté des sciences, délaissé les mathématiques pour me plonger dans la lecture d’ouvrages axés autour du soufisme. Il y a vraiment quelque chose d’attrayant dans cette discipline, faut savoir le reconnaître.

Étant une personne qui aime approfondir les choses, j’ai été inévitablement confronter à des paradoxes et des interrogations susceptibles de rendre perplexe comme la question de l’existence, et de la multiplicité. En effet, à trop pousser la réflexion, nous pouvons tous arriver à la conclusion que le monde est une illusion. Jusque là, partisans ou pas d’un mysticisme islamique nous pouvons, plus ou moins, tomber d’accord. La question susceptible de trancher serait donc la suivante : qu’est-ce que l’on peut tirer de bénéfique de cette connaissance ou devrais-je dire de cet état ? Car il y a évidement un fossé entre savoir l’illusion et sentir cette illusion.

Et bien, c’est exactement là que se départagent les gens qui cheminent dans la vérité et les autres qui s’égarent. En effet, l’acte créateur se complète par un fond toujours enveloppé par une forme. La connaissance doit donc être pour la pratique ce que le fond est justement pour la forme. La sagesse qui se trouve dans la présence de ces deux étapes de l’acte créateur, c’est justement la production d’une multiplicité à travers laquelle se réalise et se mesure la volonté. Et puisque nous vivons dans une demeure de l’épreuve, il est nécessaire pour le Créateur de créer un monde de tentations où justement doit s’établir une hiérarchisation des actes en fonction bon, mauvais, licite, illicite.

Le danger qui se trouve dans la confusion des deux dimensions de l’acte créateur est la négation de l’acte pieux, à savoir demandé par Allah ! Ainsi, trop de science théorique quand à travers cette science nous voulons accéder à l’essence des choses peut nous pousser à abandonner l’œuvre. Et dans ce sens, il y a quelque chose de séduisant dans certaines doctrines soufies si à travers elles, les ennemis de l’islam parviennent à déconstruire l’édifice de l’islam : à savoir la construction d’une société islamique reposant sur la chari3a !

Dans ce sens s’explique pourquoi, le Tawhid dans la Seigneurie (Rouboubiyya) n’est pas suffisant pour être considéré comme un croyant car le chirk des associateurs mecquois consistait justement à donner des égales à Allah seulement dans le Tawhid dans la divinité (Oulouhiyya) car ils reconnaissaient effectivement l’existence d’un Créateur suprême.

Croire en Dieu, ou tergiverser sur lui n’est donc pas le but de la spiritualité musulmane, bien au contraire ! On rapporte qu’un proche de Jounayd al baghdadi le vit en rêve après sa mort et il lui demanda : « Qu’en est-il de ton sort? » « Il répondit : les tergiversations ne m’ont pas été utile, si ce n’est les quelques génuflexions accomplies avant l’aube ! » Il y a donc un piège dans l’action de focaliser sur l’essence des choses, car le risque est justement de se perdre dans le moyen et de négliger consécutivement la fin ! Or, Satan aspire par dessus tout à ce que l’on prenne les moyens comme des fins ! Aussi, le plus important à l’endroit de la science : c’est l’acte et quand la science ne mène pas à la bonne action alors de deux choses l’une soit elle est fausse, soit elle est divinisée c’est-à-dire convoitée pour elle-même !

A partir de là, je saisis qu’approfondir certaines réflexions pouvait être dangereux mais comme il y a nécessairement quelque chose de vrai dans dans ces connaissances universels qui m’attiraient alors il était important que je me concentre sur les applications de ces connaissances car c’est seulement à travers ce critère que nous pouvons mesurer l’authenticité d’un savoir.

En d’autres termes, la connaissance de l’essence des choses est sensée nous donner une conviction à même de nous permettre de briser les illusions du bas monde, de sorte de triompher de nos adversaires car le challenge qui résulte de l’acte créateur : c’est justement de faire triompher la vérité, compte tenu de la présence du faux qui va vouloir écraser le vrai par instinct de survie, impliquant de surcroît le devoir, pour le croyant, de lutter et de combattre ! Et Allah dit dans le Coran : « Et combattez-les, Allah les châtiera par vos mains »1

Or, c’est justement cette lutte que les ennemis de l’islam veulent effacer de la poitrine des musulmans moyennant des idéologies à même de semer en leur conscience la confusion des choses, de briser leur hiérarchisation, c’est-à-dire de rendre tous les actes ou tous êtres humains identiques pour justement tuer la saine volonté de tendre vers l’acte juste !

Ainsi, il est nécessaire d’adopter une posture de juste milieu entre l’être et le non-être, l’un et le multiple, entre la prédestination et le libre arbitre, entre l’intelligible et le sensible car l’être humain est une créature au carrefour entre deux mondes : le monde matériel et le monde spirituel, si bien que tendre vers un pôle au détriment de l’autre ne peut que l’éloigner de la vérité !

C’est dans ce sens que chercher à connaître Allah seulement à travers le monde intelligible peut justement égarer et pousser l’être humain à énoncer des propos blasphématoires, à l’exemple d’al Hallaj qui s’écria : « Je suis la Vérité ! » Il y a, effectivement, un danger à quitter le juste milieu à ce niveau, à savoir celui d’identifier le Créateur avec la création pour sombrer ensuite soit dans le monisme ou la panthéisme, qui rappelons-le débouche sur l’athéisme !

A vrai dire, j’ai toujours été une personne qui veut aller au bout des choses ! Je me souviens être moqué par mon ami Farid, durant mon adolescence, et par d’autres jeunes du quartier, qui me décrivaient, il est vrai, comme « une personne qui réfléchissait trop ! » Et, j’avoue m’être perdu à avoir voulu atteindre Dieu par la voie de la réflexion sur l’Un, comme les philosophes grecs d’autant. Je suis arrivé à la conclusion que la réflexion intense mène à une idée de Dieu dépourvue de toute sensibilité, un « dieu mort », et franchement c’est pas ce que je recherchais car à bien réfléchir j’ai comme l’impression que l’on ne peut pas atteindre le vrai Dieu, celui de l’islam, sans passer par la voie du sensible.

En écoutant du Coran ce matin, j’ai remarqué que le récitateur s’est mis à pleurer à l’énonciation d’un verset qui faisait allusion au pardon au sein du couple, et immédiatement je me suis dis que sa dévotion dans la récitation était liée à un personnel vécu ! Du coup, je me suis posé la question : est-ce que c’est pareil avec toute chose ? Doit-on passer par une expérience sensible pour vivre intensément notre dévotion intelligible car le Coran est la parole d’Allah ! A partir de là, je suis arrivé à la conclusion que l’on ne peut pas atteindre Allah directement et qu’il fallait passer par des voies intermédiaires, et parmi ces voies se trouve : la douleur quand justement nous parvenons à la maîtriser !

En quoi la douleur est une voie qui mène vers la connaissance d’Allah ? Me diriez-vous ! Si l’on se penche sur le concept de « douleur », on s’aperçoit qu’elle exprime, en réalité, une négation de l’être car le plaisir résulte, en effet, d’une unité, et la douleur d’une fracture à l’endroit d’un ensemble dont la nature est d’être unifiée ! Ainsi, la douleur traduit l’éloignement de deux choses prédisposées à s’unir d’où sa vocation d’alerter et de mettre en relief un danger afin de permettre la prise des dispositions nécessaires pour réparer l’unité brisée ! Or, réunir deux êtres prédisposés à s’unir n’est pas autre chose qu’aimer, et c’est pourquoi la douleur est une force à même de générer la repentance, et le retour à Dieu, qui n’est rien d’autre, en définitive, qu’une manière d’exprimer son amour pour Allah !

Dans ce sens, il y a un cadeau dans les épreuves divines…