Ma conversion

Certaines personnes qui ont connu la véritable conversion quand ils replongent dans leur passé en contemplant des photos ressentent souvent un sentiment étrange : celui de ne pas se reconnaître comme si la forme était certes la leur alors que le fond, c’est-à-dire l’âme qui se trouve dans leur corps, leur était étranger.

La véritable conversion, en effet, implique une transformation telle que l’individu ne se reconnaît même pas dans son passé. Pour ma part, je n’ai pas connu cette conversion car la foi: je l’ai depuis que je suis tout petit ! Et, je dirais même qu’elle était plus forte quand j’étais enfant qu’actuellement !

Avec le temps, entrée dans l’adolescence, j’ai perdu la saveur de la foi et la sagesse que je tire de cette perte : c’est la notion de frustration positive. En effet, ayant déjà goûté à la saveur de la foi, je sais qu’elle existe, et donc je peux la revivre !

C’est une conviction que je possède dur comme fer et qui m’a servi en thérapie par exemple. J’ai toujours été convaincu qu’un état de santé peut être récupéré même après une maladie spirituelle déstabilisante à même de faire désespérer. C’est seulement les cas de personnes qui n’avaient jamais connu la normalité au niveau de la santé que je ne transmettais pas d’espoir.

Tout est possible ! Absolument tout… Enfin, au moins tout ce que vous pouvez concevoir. Et, si parfois nous sommes envahis par des doutes alors le premier des jihads consiste à vaincre chacun de ces derniers par l’action de croire dans les liaisons.

Je m’explique : la vie ressemble à un puzzle ou chaque pièce de ce dernier est assimilable à un événement marquant de notre existence. La pièce du puzzle pris individuellement ne nous apporte pas grand chose comme information, si ce n’est un indice vis-à-vis des autres pièces qui lui sont liées et qui doivent toutes s’imbriquer pour nous donner une image globale : le puzzle complété. Aussi, le plus important dans un puzzle, c’est l’établissement des relations entre les pièces. C’est plutôt facile pour un puzzle physique mais quand il s’agit du puzzle spirituel, c’est-à-dire celui de notre vie c’est un peu plus compliqué car il faut établir des liaisons entre les événements en faisant abstraction des autres comme si dans le monde ; il n’y avait que nous et Lui ! Que tous nos bonheurs, tous nos malheurs ne s’expliquent que par Lui et nos agissements… Malheureusement, le doute s’installe dans notre conscience quand cette liaison entre les événements de notre existence ne s’établit pas en raison de la croyance en l’intervention d’un ou de plusieurs paramètres qui, en réalité, ne sont que des illusion ! Cette conviction en des liaisons illusoires brisent les véritables liaisons car elle consiste à accorder à une créature le pouvoir de nuire et de profiter, de sorte de la faire participer à l’élaboration du puzzle de notre vie, qui consécutivement, ne produira aucune de beauté dans sa forme globale.

Je peux concevoir seul, qu’il n’y a que moi et Lui, mais si une autre personne arrive à la même conclusion qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Soit qu’il y aurait une identification, que moi je serais elle et que elle serait moi ? Ou bien qu’il serait possible que deux destinées s’interposeraient pour rentrer en collision ? Ni la première, ni la seconde option ne me satisfait… Nous sommes évidemment tous différent mais nous ignorons que nous ressemblons.

Pousser la réflexion à l’extrême peut nous porter à conclure qu’il n’y a que Lui, en réalité, comme le soutenait le poète Labid : « N’est-il pas vrai que tout ce qui est dehors de Dieu et vain et illusoire ! » Aussi, si même les créatures ne sont que des illusions, à partir d’où elles parviennent à conclure de ce qu’elles sont ? C’est là que je me rends compte que la science c’est de constater son ignorance ou que la manière de connaître Allah consiste à observer les choses avec une vue pure, à l’exemple du prophète David qui dit à son Seigneur : « Comment puis-je te remercier quand mon remerciement à ton endroit est encore un bienfait venant de toi ? » Et Allah de répondre : « C’est en comprenant ceci que tu remercies ! »

Nous rentrons là dans les secrets de la création et de la singularité de l’Homme, cette créature capable de faire preuve de recul.