La conscience

Réfléchir, penser, méditer : c’est bien mais est-ce que c’est le but ? Je me suis souvent poser la question de l’intérêt de pousser la réflexion à fond à l’endroit de thématiques comme le destin, l’existence, ou la conscience… et franchement j’en suis arrivé à la conclusion qu’il existe un plaisir pour l’intelligence autant qu’il existe un plaisir pour les sens du corps. Du coup, de la même manière que manger pour manger revient à adorer la nourriture alors penser pour penser revient à adorer l’idée car comme l’énonce Ibn Taymiyya le sens de divinité c’est la chose: « qui est voulue pour elle même». Ainsi, ce qui compte n’est pas de penser mais de faire de la pensée : un outil à même de nous rendre meilleur : c’est-à-dire plus proche de notre Seigneur.

Il en va de même de la connaissance : apprendre pour apprendre revient à adorer le savoir alors que le but de la connaissance c’est la mise en pratique éclairée de cette dernière. En effet, celui qui sait n’est évidemment pas comparable à celui qui ne sait pas car la science offre une largesse de vue à même de nous permettre d’anticiper les dangers et d’avancer avec pérennité, de la même manière qu’une personne qui roule la nuit et dont la vue n’est pas très bonne, et bien le simple fait qu’il connaisse la route par cœur l’aidera à mieux conduire car les gestes se rapprocheront du réflexe. A la différence de celui, qui ne connaît pas la route et qui doit redoubler de vigilance, consécutivement à sa faible vue, pour ne pas faire d’accident, voire qui se doit de réduire impérativement sa vitesse au risque d’exposer sa vie au danger !

Je cite ici cette parabole ici mais sachez que cela n’en est pas vraiment une vu que c’est quelque chose que je vis au quotidien. En effet, ma vue n’est pas très bonne, et la nuit j’ai remarqué que les trajets que je connais bien, je les accomplis avec sérénité sans trop m’épuiser alors que les trajets que je ne connais pas me consument énormément, étant donné la concentration intense qu’implique l’ignorance de la route pour me prémunir de l’accident !

Saisissez ici que la compréhension est pour la connaissance ce que la vue est pour la lumière. Il n’y a pas de compréhension sans connaissance comme il n’y a pas de vue sans lumière ! Mais à bien réfléchir : le plus important dans la parabole citée précédemment: c’est quoi ? Voir correctement, ou avoir de bons feux ? Non… Le plus important, c’est d’arriver à destination sain et sauf ! Ainsi, la compréhension et la connaissance ne servent à rien, si nous ne faisons pas preuve de piété, en respectant la Loi d’Allah. J’ajouterais que non seulement, nous devons respecter la Loi, mais nous devons veiller aussi à ce que les autres, pareillement, la respectent car tout comme dans la circulation routière, le danger peut provenir du non respect des autres vis-à-vis du code de la route.

Si j’insiste sur ce point c’est que durant toute ma vie : j’ai accordé une grande importance à la connaissance et particulièrement à la compréhension des choses, mais au final quand je fais le bilan : est-ce que cela m’a vraiment été utile ?

La vie est un cheminement vers la source. C’est d’ailleurs le sens étymologique de « chari3a ». Dans ce sens la repentance est d’une importance capitale dans la spiritualité musulmane car elle fait partie des 3 stations de base avec « l’action de grâce » et la « patience ». Si parle de repentance ici, c’est pour aborder la question de la récidive et par ricochet de l’utilité de nos compréhensions et de nos connaissances quand ces dernières ne parviennent pas à nous prémunir de la rechute ! Sujet crucial qui intéressera, sans doute, énormément de gens puisque beaucoup, effectivement, sont concernés par cette impuissance à ne pas se défaire définitivement du péché…

En réalité, pour beaucoup d’entre nous, nous ne voyons pas, ou si nous voyons, nous voyons très mal car la vraie compréhension génère une prise de conscience vis-à-vis de la gravité de l’accomplissement de péchés. C’est seulement ceux qui sont dépourvus de cette prise de conscience qui lorsqu’ils arrêtent un péché le font de manière circonstancielle car c’est humain d’éprouver une répugnance juste après l’accomplissement du mal mais le but c’est de faire durer cette répugnance car la récidive est inévitable, malheureusement, une fois cette répugnance évaporée par le temps !

Dans ce sens, s’explique la parole pertinente de l’imam Shafi3i : « On ne peut pas se consolider dans la foi sans passer par l’épreuve. » La consolidation dont il est fait allusion ici est justement cet esprit d’alerte constant qui ne s’acquiert consécutivement que par l’action de goutter aux effets de nos fautes, de nos forfaits et de nos péchés ! Si dans ce bas monde aucun péché ne se perd, aucun méfait ne se crée cela signifie, en définitive, que tout n’est que reflet. A nous de savoir lire dans nos épreuves afin de générer cette réforme qu’attend de nous : Notre Créateur, autant qu’un parent attend, avec miséricorde, de son enfant le déclic à même de l’aider à arrêter définitivement de faire des bêtises ! Et si nous ne parvenons pas à comprendre directement alors l’usage de la parabole s’avère nécessaire car elle consiste à proposer une image à même de nous aider à comprendre un concept difficilement accessible directement.

Sachez que les épreuves sont des paraboles dont le but est de nous aider à prendre du recul